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Méditations politiques sur la jeunesse

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 « La plus inquiétante jeunesse est celle qui n’a pas d’opinions extrêmes.  »

de Comte de Chambord (1820 – 1883)

« Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse fera ternir votre beauté.  »

de Pierre de Ronsard, Odes, livre premier, XV11

« La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse, la vieillesse est le temps de la pratiquer.  »

de Jean-Jacques Rousseau, Extrait des Rêveries du promeneur solitaire.

Jeunesse française, je t’écris car je pense te quitter d’ici peu sans regret aucun. « Jeune », tu es à la bouche de toute la politicaille, tu sembles au centre des bienveillances de la société civile. Jamais faire frémir ton oreille n’a été une telle priorité. Jamais l’on a tant vanté tes bienfaits, ta diversité, ton énergie, ton ouverture, par le cinéma, la radio, l’image et le politicien. Le pessimisme ambiant n’a qu’à bien se tenir ! Jamais tu n’as été tant sollicité. Tant aimé paraît-t-il. Et pourtant, je dois dire que je ressens un chagrin sans nom à cet instant où je m’adresse à toi.

Observe enfin avec quel langage les faux dévots de la République s’adresse à une clientèle. « J’ai depuis plusieurs mois mis la jeunesse au cœur de ma campagne présidentielle »1. Que lire dans ces discours hormis des gesticulations de publicitaire ? Ils aiment la jeunesse comme ils aiment des consommateurs : l’être que l’on flatte habilement, lui disant que tout ira mieux plus tard à la condition qu’il agisse dans le bon sens. Constate qu’ils vendent aujourd’hui « de la politique » comme des produits se vendraient sur un marché rationnel ; ils sont par essence intéressés. Aspirons-nous seulement à des marchands de bonheurs ? Sincères ou non, qu’importe ! Ils sont inscrits dans un schéma de domination tyrannique, et n’ont en aucun cas intérêt à résoudre les maux populaires.

Regarde quelle basse vision de la jeunesse est cultivée en notre société, à laquelle elle a le malheur d’adhérer : voici un public inféodé à l’ignoble industrie de la drogue, à la musique électronique, au règne envahissant de la pornographie, à la télé-réalité microcosmique, à la publicité de type américaine… ? Ce sont là des cultures de la mort typiques d’un monde libéral, dont nous subissons tous peu ou proue l’influence. Sache qu’il existe un projet d’abêtissement général du peuple, devenu simple intermédiaire entre l’ambition des puissants et leur joug. Jeunesse française, tu n’es ni au début, ni à la fin de leurs actes politiques. Ils veulent pouvoir traiter avec des électeurs comme l’on traite avec des enfants. Je ne suis pas là pour dire ce que tu veux entendre, veux-tu cela ? On te savonne le dos bien suffisamment ! Entre nous, l’excuse de la jeunesse (un « jeune a commis [remplir l'intitulé du délit] », commence à agacer en profondeur.

Le projet que l’on te propose est en réalité des plus funestes. Il s’agit de plonger la jeunesse dans un sommeil profond pour perpétuer le règne d’une classe/caste. D’endormir le chat afin que dansent les souris. Il s’agit d’oublier son Histoire afin que l’on puisse résumer le monde à un supermarché mondial dans lequel vous n’êtes plus qu’un être hors-sol, un individu amorphe remplaçable à merci, freiné par aucune tradition pour assouvir ses besoins les plus vils. Un enfant libre et capricieux. La frontière, notion avant tout terrestre, permet à un homme de s’enraciner, d’être citoyen.

Comment lire autrement, jeunesse française, la disparition de véritables pans et personnages de l’Histoire de France des programmes scolaires ? De quel autre œil voir la promotion incessante du « citoyen du monde », expression fantasmagorique ? La déconstruction de nos coutumes ancestrales ? Le renoncement assumé à la construction d’une élite française digne de ce nom ?

Affiche de propagande soixante-huitarde.

Affiche de propagande soixante-huitarde.

Je t’écris pour te faire part de mes larmes grandissantes, y opposer une conception modeste de la jeunesse : celle de l’apprentissage, de la formation, de la construction de la sagesse, de l’écoute, du respect envers ceux qui sont venus avant nous. Elle est une phase transitoire majeure, un temps de merveille à passer mais au bout duquel notre devoir est d’incarner un homme ou une femme. Il n’est bon pour aucun groupe de se maintenir à l’état d’enfance ; à trop vanter la juvénilité perpétuelle et obligatoire, le monde occidental actuel souffre de manière croissante d’un manque d’adultes responsables et charismatiques. Un certain Mai 68 a stigmatisé la vieillesse, la transmission et l’ordre au point qu’il est temps de leur rendre leurs prestiges naturels. Coincé ? Vieux schnock ? Beauf ? Qu’importe ! Jugez-moi, Dieu vous jugera. Comment s’étonner alors que les hommes providentiels, incarnation suprême de leur ennemi, que fussent De Gaulle et Napoléon aient tant de mal à trouver un descendant à leur cheville ?

Pourquoi parle-je d’eux ? Rappelle-toi que la France fut noble dès lors qu’un homme imposant figura ses institutions. Revendiquons la spécificité française du gaullo-bonapartisme, en vertu de laquelle trépassent les heurts droite/gauche, se synthétisent tradition et progrès, se développe l’orgueil national, s’impose une indépendance de la nation, s’engage une troisième voie économique hors du communisme et du capitalisme2. Si une telle chose ne naquit que chez nous, fit tant de bonheur et frappe encore tous les imaginaires, sans doute s’agit-il de l’âme de notre peuple. Ses ennemis défenseurs d’un libéralisme politique anglo-saxon ne manquent jamais de pousser des cris d’orfraie. De La Rocque fasciste ! Regardez, Napoléon c’est l’ancien Hitler ! De Gaulle fasciste ! Le Pen néo-nazi ! Reste insensible à ces salades, jeunesse française, ils défendent leurs privilèges… Il est une flamme qu’ils ne pourront éteindre. Malgré leurs efforts, l’âme d’une nation a la vie dure.

Vous devez répondre au système : « Jouons-nous à Jaccadi bon sang ?  Je ne vous appartiens pas ! ». Alors qu’à l’aube de Mai 68, l’individu triompha par l’ironique Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations de Raoul Vaneigen, appelant à « jouir sans entraves », oppose aujourd’hui à cette conception la finitude immanente de l’être-humain civilisé. On dépend communément de trois choses : une mère qui a usée de ses seins nourriciers, le Ciel qui s’adresse à vous de ses Évangiles et de ses millénaires bâtisses, la France éternelle qui vous nourrit de son Histoire. Notons que la France traditionnelle est trahie chaque soir et matin par cette France de façade aigrie et honteuse qui investit dans le peuple qu’elle ne regarde que de loin comme l’on joue des actions en bourse.

Il est temps de prendre conscience que lorsque l’on manipule un héritage inestimable par le seul fait de parler une langue. L’homme comme l’animal n’invente pas. Ne capitulons pas face à l’anglicisation du monde et l’appauvrissement du vocabulaire, nous serions alors inexorablement plongés dans les abysses de la décadence. Après tout, le langage ce n’est pas une mince affaire, il est politique : « Lorsque les mots perdent leurs sens, les gens perdent leurs libertés » (Confucius). Refuser la novlangue, c’est défier la domination. Ne perdons pas le sens de l’honneur, persistons en nos êtres racés.

Indigne toi que nul débat public sur la pauvreté en tant que telle ne prospère. Il est plus que temps que le Capital apatride soit inquiété de l’absence du Français dans le bain ultra-libéral. Nous en avons soupé du relativisme moral de la gauche sociétaliste, ayant pour objectif suprême de casser harmonieusement tout ce que refuse notre civilisation, dans le but final de la démolir. Si rien ne se fait, nous aurons alors un homme total, ne connaissant nul impossible, pouvant se redéfinir à merci au grand bonheur du capitalisme. Sera-t-on plus heureux lorsque tout homme occidental pourra choisir à sa guise d’être homme ou femme, choisir d’acheter un enfant aux yeux bleus au nom du « moi » et de la mode, mais n’aura pas de pain pour se nourrir ? Que l’on ne s’inquiète pas, une élite gavée lui chantera le bonheur et lui professera la morale….

Repeuplons les musées et instruisons-nous par des lectures hebdomadaires. « Un peuple qui connaît ses classiques ne se laisse pas mener sans révolte dans les poubelles de l’histoire »3. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas connu Louis XIV que nous ne pouvons pas le connaître. Victor Hugo affirmait que construire une école revenait à détruire une prison4. Encore faut-il que l’institution enseigne comme il se doit. La clef de la révolte est l’Histoire5, en ce système faisant de l’inculture la norme : lisons Bainville, Dumas, La Rochefoucauld, Marx, Proudhon, Maurras. Lisons, là est la liberté et non la prison. Savoir, c’est être libre. Ne subissons pas hagards la dictature du présent, l’interdit du passé donc celui du futur.

Refusons avec force l’essentialisme dans les débats publics : vous avez le droit d’être un jeune homme au teint basané et de vous opposer avec force au glissement démographique au moyen des migrations ; vous avez le droit d’être une jeune fille et de vous consterner au vu de la féminisation des hommes européens, des dérives du féminisme, de la femme que l’on promeut au sein des médias. Vous avez tous les droits dès lors qu’il s’agit de défendre la France traditionnelle.

Approchez-vous de mon torse, vous m’entendrez retenir un cri de désespoir. Les chants les plus désespérés sont-ils les chants les plus beaux tel que l’affirmait Musset ? Suis-je le seul à souffrir inconsolable de l’ère dans laquelle nous sommes ? À regretter impatiemment un temps que je n’ai pas eu la chance de connaître ? Suis-je donc le seul touché par cette solitude effrayante parmi ce monde immense aux frontières disparues ? Je peine à vous cacher mon amertume lorsque l’on confond impunément le progrès social et humain avec le progrès techno-capitaliste6. Interagir de jour en jour avec des machines pour prétendument « gagner du temps »7 m’attriste, de même que ne me ravissent pas l’avènement condescendant du droit « à » confondu à la prolétarisation croissante de nos hommes en ce système inique.

Une certaine étincelle a jailli en moi ces derniers temps, je ne saurais m’en cacher. Que l’on souhaite ensemble la pendaison de tous ces macaques au pouvoir, que le désir d’une bave mousseuse à leurs lèvres révélant aux yeux du monde la laideur de leurs âmes, nous dirigent aux portes de leur palais ! Que cette caste bourgeoise tremble apercevant l’armée de réaction qu’elle trouve face à elle! Ils veulent la guerre ? Quelles se jouent par les urnes ! Qu’il en soit ainsi, ils périront !

Je vous en conjure, en ma mélancolie surréaliste, je crois en mes tripes d’homme en ma génération qui aime à dire « bonjour » et « merci ». Faisons nôtre le mot le plus sobre, le plus pur et le plus évocateur de la langue et de la littérature française8 : Non. Nous ne disons pas « Peut-être » ni « On verra », nous disons « Non ». Un « Non » ferme au hold-up d’une classe d’âge, à la démission de la France, au Nouvel Ordre Mondial. N’attendons pas que l’avenir soit fait en notre nom. Un seul mot d’ordre  : « N.O.N » !

Anthony La Rocca

Sources :

  • BAINVILLE Jacques, NapoléonParis, Arthème Fayard, 1931, 500p.
  • BERNANOS Georges, La Grande Peur des Bien-PensantsParis, Grasset, 1931, 458p.
  • CAMUS Renaud, Le Grand RemplacementParis, éditions David Reinharc, 2011114 p.
  • CHEVENEMENT Jean-Pierre, La France est-elle finie ? , Paris, Fayard, 2011, 320 p.
  • DAS Satyajit, Extrême money, Paris, Le Jardin des Livres, 2013, 488 p.
  • DEBRAYRégis Éloge de la frontière,Paris, Gallimard, 2010, 95p.
  • FINKIELKRAUT Alain, L’identité malheureuse,Paris, Stock, 2013, 240 p.
  • MARX Karl, Le Capital, Paris,Gallimard, 1867, trois volumes.
  • VANEIGEN Raoul, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Paris, Gallimard, 1967, 296p.
  • ZEMMOUR Éric, Mélancolie française,Paris, Fayard, 2010, 251p.

Nous avons besoin de votre soutien pour vivre et nous développer :

1 François Hollande, le Samedi 19 Novembre 2011 à Strasbourg .

2 De Gaulle : «Le capitalisme n’est pas acceptable dans ses conséquences sociales. Il écrase les plus humbles. Il transforme l’homme en un loup pour l’homme. Le collectivisme n’est pas davantage acceptable: il ôte aux gens le goût de se battre; il en fait des moutons. Il faut trouver une troisième voie.» (Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle)

3 Renaud Camus, La Grande Déculturation, Paris, Fayard, 2008, 151 pages.

4 Attribué à V. Hugo : «Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons»

5 http://www.lebreviairedespatriotes.fr/15/07/2014/histoire/resister-par-lhistoire-ou-lenracinement-supreme/

6 Jean Baudrillard, La Société de consommation, Paris, Gallimard, 1970, 320p.

7 Cédric Lagrangé: http://www.franceculture.fr/emission-d-autres-regards-sur-l-actualit%C3%A9-le-philosophe-c%C3%A9dric-lagandr%C3%A9-2009-12-18.html

8 Pythagore, Sciences: «Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, les deux mots qui exigent le plus de réflexion ».


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